Dans mon élan j'y suis allée de ma petite histoire :
Une petite fille
tête recouverte d'une mantille
à la messe du dimanche
tenant Grand Maman par la manche
se demande pourquoi
pourquoi toutes ces croix
que l'on se trace sur le front
à peine passé la porte
de cette drôle de maison
dont le toit est celui d'un côtre
renversé sur la place
dont le noir la glace.
L'eau du bénitier est froide
elle voudrait bien y placer des poissons
pour mettre de la vie , de l'animation
quand les bigotes de leur doigts frôleront
le corps glissant , les nageoires des goexpressio ujons .
Plus amusant que ces statues de plâtre roides .
Un dimanche , rien qu'une fois
échapper à l'humidité de la croix
sur son front tracée
avec de l'eau donnée
passée de mains en mains
tous les dimanches matins .
Une fois , rien qu'une fois …
pas plus pour la survie des gobis
rien que pour voir la tête de Mamie
et peut être entendre les cris
des femmes époulaillées
femmes et filles en-chapeautées
pour encenser Jésus Christ
une fois ... pour une croix …
Dans la pénombre qui entoure le bénitier
personne n'y verra rien
on croira que les démons
de l'église ont pris possession
et si elles n'y voient que du feu
c'est encore mieux !
Elles croiront que c'est le diable
peut être ... mais c'est pas fiable
car l'Esprit Saint se ballade aussi
tut doucement , sans faire de bruit
en langue de feu parfois
sur ceux qui ont la foi
ceux qui disent sans sourciller
« croix de bois , croix de fer
si j'mens j'vais en enfer »
Si les paroissiens , les paroissiennes
se mettent à croire au surnaturel
pour des poissons tout juste péchés
cela va être la croix et la bannière
Génuflexions et processions
messes et assemblées de prières
chacun voudra avouer ses pêchés
embouteillage pour aller à confession
On en aura jamais tant vu :
des vieux et vieilles
bons pour l'extrême onction
des qu'on aurait jamais cru
tant les fautes montrées ont l'air vénielles
mais qui en fait font des cocus
et dans le tiroir ont un polichinelle
dont elles craignent qu'il ne ressemble au père
Celui qui monte une femme qu'est pas la sienne
Ceux qui d 'avoir trop bu
font de la vie des leurs une misère …
Les péchés capitaux et les autres
seront vite racontés au curé
tant tous seront pressés d'espérer
une place libre au ciel
près de l'ange Gabriel.
Une petite fille
tête recouverte d'une mantille
à la messe du dimanche
tenant Grand Maman par la manche
s'assied , s'agenouille , se lève
s'agenouille , s'assied , se relève
voudrais bien prier puisqu'on lui a dit de le faire
fait un signe de croix : front ,thorax , menton
récite son Notre Père
comme à l'école elle dit du Prévert
voudrais parler et dois se taire
regarde le chemin de croix
comme un livre d'images
le même d'un dimanche à l'autre
feuillette d'un missel les pages
fourmis de mots sans illustration
comprend un mot parmi tant d'autres .
Une fillette dans le catholiscisme éduquée
va à la messe chaque dimanche ainsi qu'on le lui dit
sans question est enfant de Marie
récite Credo , Patenôtre, Ave Maria et Confiteor
comme on le lui a inculqué
va à confesse sans rien de particulier à dire
mais c'est l'habitude qui parle
respecte Carême , les Cendres
chante « les anges de nos campagnes »
« Douce Nuit », « Gloria in excelcis Deo »
met robe du dimanche et médaille sans réfléchir ,
celle de sa « grande » communion
où en aube elle a défilé
comme un mannequin en procession
avant d'être photographiée ,
la montre de sa confirmation ,en or ,
pour sa première hostie avalée .
Elle est fière de se sentir grandir
de baragouiner ce latin d'église
qui donne l'air savant
pour faire des ignorants
Une jeune fille
tête sans mantille
coiffé d'un bob , d'un chapeau
le dimanche va en montagne
tient la corde et l'avale .
A Dieu elle parle sans mentir
de son envie d'inventer
une nouvelle carte du tendre
pour son amour , son aimé
La jeune fille au lycée
aumônerie et scoutisme a trouvé
une foi à découvrir , à réléchir ,
à batir et déconstruire
en remuant des idées
dans une tête faite pour penser
avec un corps conçu pour vivre et faire vivre .
Une foi sans s'abêtir .
Croire en Dieu ou ne pas croire
pari de Pascal ou conviction
sans cesse remise en question
Entrer dans un lieu de culte
pour regarder , prier , voir
peut être simplement
la beauté d'un bâtiment
quitter un instant le tumulte .
Une femme dans sa vie entraînée
à faire pour sa famille vivre la maisonnée
peut entrer dans une chapelle ou un temple
simplement se poser et puis parler
causer toute seule ou dire à Dieu
poser sa vie et la reprendre
de ce simple fait soulagée .
Un Capucin pour l'entendre ,
un autre chrétien de passage
prêtre , pasteur ou paroissien
une soeur , un moine qui voyage
qui croit au Christ mort sur un pieu
ou un humain , un autre humain
qui sait voir la main tendue
et , sans dogme, la sienne tendre
pour l'empêcher d'écouter .
Immam , rabbin , juif ou musulman
méconnaisant mosquées ou synagogues
en tant que chrétien je n'ose y pénétrer
pour ne pas risquer de heurter vos rites
troubler la lecture du Coran
ou celle du Décalogue .
Une femme interpellée par des évènements
s'interroge , réfléchis , veut comprendre
le pourquoi , le comment de la vie
à quoi ça sert d'être là maintenant
pourquoi pas autrement mais ainsi …
et finallement se met à nu
laissant les faux semblants
de ce qu'elle est se contentant
par force et pas par choix
pour dans le monde tracer sa voie .
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