Riad Sattouf nous fait visiter un petit coin de la Libye de Kadhafi puis un village du pays de Hafez El Hassad
avec son coup d'oeil d'hybride ; celui du fils de père syrien venu étudier en France et de mère franco-bretonne qui suit son conjoint dans des conditions de vie locales .
L'oeil est critique sur la Libye avec ses logements réservés aux enseignants arabophones ayant étudié en occident recrutés sur la base de salaires confortables -qu'ils ne peuvent dépenser sur place dans les magasins d'état- et de titres ronflants .
Abou Riad , Abdel Razak selon l'état civil, après 8 ans de thèse refusa sur cette base un poste de maître assistant à Oxford pour un poste de maître à Tripoli ; le choix n'aurait certes pas été le mien , ni celui sans doute de son épouse , mais il a -sans barguigner- entraîné sa famille mixte dans un immeuble d'une cité en construction abandonnée où Riad a pu rencontrer un petit Yemenite et une jeune indienne pour jouer .
La lecture du petit livre vert modifié pour tenter de donner quelques raisons à son épouse d'apprécier le régime de l'omniprésent Kadhafi
,les séries télévisées de personnages type Goldorak ( à l'époque où la télevision algérienne -pays ayant lui aussi des liens forts avec l'URSS de l'époque - programmait Grandaïzer =Goldorak )
et la consommation de mûres sont les principaux souvenirs du petit Riad .
La naissance d'un petit frère fut l'occasion d'un séjour dans la Bretagne maternelle auquel succeda bien vite un départ pour la région de Homs , Abou Riad ayant décroché un poste de maître-assistant à Damas .
La vie au village natal du père de Riad occupe les 2/5 du roman entre relation des conditions de vie liées à la politique de Hafez El Hassad , récit des relations familiales et de la découverte de l'espace dans lequel le petit Riad va continuer à grandir .
Si quelques pages évoquent la ville de Homs c'est surtout pour évoquer la censure gouvernementale , les difficultés d'approvisionnement
(entre magasins vides, l'absence de médicaments et les souks où se vendent des produits de mauvaise qualité )
Quelques pages font réference aux avantages des alaouites devenus des parvenus faisant étalage des richesses captées depuis la prise du pouvoir par Hafez Al Hassad .
L'essentiel du récit se déroule au village
entres affaires familiales conflictuelles -entre Abdel Razak et sa femme ou son fils mais aussi un frère et une grande partie de la famille élargie
sur fond de racisme et d'héritage .
L'atavisme familial fait que Abou Riad contredit ses comportements et les discours qu'il affiche en France notamment sur le plan de la religion et des traditions afférentes .
On y évoque les sunnites , les chiites , les alaouites et les chrétiens , les juifs surtout sur lesquels se focalisent une haine viscérale depuis la "presque victoire " arabe lors de la guerre du kippour .
Malgré toutes les vicissitudes auxquelles est confronté le petit Riad qui , après de nouvelles vacances en France , est destiné à devenir un arabe du futur en intégrant l'école du village malgré toutes les différences avec ses futurs dans la famille d'Abdel Razak et avec son épouse occidentale .
Celle ci , à chaque retour en France , j'ai espéré qu'elle y resterait mais elle suit le père de ses enfants à Tripoli comme à Homs n quelques soient les conditions de vie qu'il lui propose .
Il est vrai que sans ceci il n'y aurait pas eu ce livre et que cela aurait été dommage .
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