jeudi 17 décembre 2009

Blanche Neige en Jean Paul Gauthier

Le ballet "Blanche Neige" était donnée hier soir à Malraux ( Chambéry ) ; à guichet fermé depuis longtemps ....
Ma puce ayant eu l'opportunité d'avoir une place par l'intermédiaire du conservatoire j'avais folle envie de l'accompagner et d' y emmener sa soeur .
J'ai finalement obtenu 2 places debout qui ont permis de s'asseoir au milieu , à quelques rangs de la scène car au final il restait des fauteuils libres et de là , dès le rideau levé , un splendide spectacle quoi qu'aient pu en dire un vieux ronchon et sa vieille compagne entendus à l'ascenseur (Les gens qui râlent et critiquent après avoir eu l'opportunité d'assister à tel spectacle en cherchant pour y trouver un motif de contrariété me contrarient moi ; c'est le genre d'insatisfaits chroniques qui trouveraient même à redire au Paradis dont j'ai " soupé" )


Une chorégraphie de Angelin Preljocaj , les 26 danseurs de la troupe de ballet sise en Provence une musique de Mahler ... et nous voilà invités à entrer dans le conte de Grimm relu à la lumière de livre de Bettelheim ( La psychanalyse des contes de fées ) . Ce dernier point est évident car la connotation sexuelle de certains tableaux ne peut échapper à l'adulte . Jeux de la séduction et jeux de l'amour physique sont dansés dans des costumes montrant la liberté et la beauté du corps en mouvement . La trame du conte est là , aménagée par l'interprétation de Bettelheim et la vision de Preljocaj . Une introduction qui part de la naissance de Blanche Neige et la mort de sa mère , le passage de l'enfance à la jeune adulte puis nous voilà projetés dans une salle de bal permettant les premiers regard entre la Damoiselle et son Prince .
La marâtre ne supportant pas ces prémices d'émois amoureux bien qu'elle se trouve encore être "la plus belle en ce miroir " surgit pour interrompre l'entrée de la nouvelle génération dans l'age adulte .
Coiffe , talons , col Médicis ou plutôt juste son armature , de noir vêtue avec des flammèches rouge remontant du bas de sa robe longue portée en cape sur une paire de bas et un justaucorps , gants longs et maquillage appuyé voilà pour celle ci en contraste avec le drapé blanc qui vêt et découvre Blanche Neige . Un tableau mettant en action les petits habitants des bois lutinant court vus et parés de couronnes ou de manches fleuries , ornées de fruits ... putti ou amours dont ils sont l'allégorie .



Blanche Neige y fait son éducation - pas seulement - sentimentale , y retrouve son prince le temps d'échanger un serment de foulard rouge ...


La marâtre qui s'admire toujours envoie des mercenaires à la recherche de Blanche Neige pour s'assurer de sa disparition : elle craint la concurrence de la jeunesse libre du corset de conventions dont elle même porte le costume , elle a peur d'une féminité qui éclot sans artifices .
Des chats noirs très félins et voluptueux dans leurs déplacements l'acompagnent .


Par quel artifice un miroir se déroule t'il comme une toile ? magie des access
oires de théatre .
puissanuffisamment puissantasoin de cheroute pas bes pour
Clin d'oeil : des (para ? ) militaires en bérets verts entrés sur le plateau en ressortent sur un fond sonore d'hélicoptère pour s'emparer de la belle et la relâcher , apporter un coeur de cerf à la reine mère ainsi temporairement dupée.

Ces bruits de fond ajoutés à la partition de Mahler sont qualifiés de musique additionnelle ; si il y a eu des spectateurs pour s'en offusquer ils faisaient à mon avis intégrallement partie de l'oeuvre qui nous a été présentée

Blanche Neige rejoint alors le monde souterrain des 7 nains mineurs de fond qui ont dansé à la verticale sur le mur de la grotte avec cordes , baudriers et frontales avant d'entamer une ronde avec la belle .
La science des accessoiristes est alors pleinement utilisée puisque la glace devient fenêtre par laquelle la mégère qui se pavanait en contemplant son image se trouve en miroir(*) avec Blanche Neige .
La vieillesse commençante de l'une confrontée à la jeunesse de l'autre, de celle qu'elle considère comme une rivale dans la lutte qu'elle mène pour garder le pouvoir de la séduction .


La voilà alors transformée en furie maniant la sorcellerie , maléfique au point d'inquieter les chats à l'allure diabolique .... et c'est alors une femme agée et
haineuse qui force la jeune danseuse en blanc à absorber de sa pomme empoisonnée .
La suite du ballet
suit pour l'essentiel la trame du conte après que la mère morte en couche soit venue ,ses voiles noirs comme des ailes , prendre sa fille et la ramener son esprit , son âme , dans le monde des vivants .
Cette femme traverse la scène dans les airs et donne une seconde fois vie à sa fille qui peut alors conclure son histoire avec le prince charmant .

Le jeune promis a vaincu la rigor mortis qui affectait le corps de Blanche Neige ramenée au mouvement par l'acharnement de ses manifestations amoureuses et la marâtre qui a voulu troubler une dernière fois la fin classique
( ils se marièrent et eurent beaucoup d'enfants .... ) est envoyée au diable après avoir trépigné comme une cavale dans des convulsions épileptiques sur le devant de la scène où elle a évolué en talons hauts ( autre indice d'une volonté d'afficher les artifices souvent utilisés la femme tout comme son maquillage appuyé ) .

Scène de mariage pour le final avec robe de mariée pour l'une et costume de toréador , cheveux gominées et ombre de moustachee p
our l'hidalgo ( un petit air de séducteur stéréotypé des films du milieu du siècle dernier ) .


Un chorégraphie sans pointes qui reprend des figures classiques avec des pas de deux au milieux de déplacements sortants de ces figures imposées et des portés contemporains en duo ou à plusieurs , des déplacements , des gestes , des attitudes semblant parfaitent naturels alors qu'ils ont sans doute été beaucoup travaillés .

Après avoir regardé "virus -antivirus " un spectacle de danse contemporaine donné entre midi et 2 heures à l'auditorium de la Cité des arts j'avais trouvé que la danseuse exprimait avec des sentiments , des sensations avec tout son corps et si j'avais intellectuellement compris l'enjeu de son travail ( jouer une partion musicale par ses mouvements enregistés par des capteurs ) en parallèle avec ce que j'ai perçu comme la lutte d'un corps contre la maladie je me suis intérrogée sur ce que les enfants avaient pu en percevoir .
J'ai eu très vite la réponse par leur réaction en sortant :" je n'ai pas compris l'histoire "

Le conte de Blanche Neige leur est connu , elles avaient - et moi aussi- des repères ... cela a permis de s'adapter à cette approche chorégraphique éloignée des tutus et de
pleinement apprécier le spectacle , d'en percevoir le second degré -en temps qu'adulte- d' au moins une partie des indications des costumes , des bruitages ...
Voilà une forme de jeu - que j'imagine peut être - avec le spectateur où l'on sort de l'histoire simplement racontée pour aller plus loin
Pour en revenir à l'affaire de la pomme les filles ont bien remarqué cette violence avec laquelle a agit la marâtre pour forcer Blanche Neige a manger de ce fruit qu'elle ne voulait pas goûter , l'agressivité exprimée ainsi à travers ce geste .
Il est possible -par jeu - d'aller plus loin avec cette his
toire de pomme ... le fiel pour empécher de changer l'ordre établi où la marâtre avec ses artifices détient un certain pouvoir auquel elle ne veut pas renoncer , la haine envers la jeunesse à qui la société des adultes actuels laisse peu de place et d'espoir .
Il est possible d'imaginer plein de choses mais seul Angelin Preljocaj sait et le reste n'est qu'élucubrations .
La haine de voir quelqu'un qui a la possibilité de vivre une liberté qui ne correspond p
as aux critères et l'insatisfaction perpetuelle qu'éprouvent certains est un motif sufisament puissant pour conduire ceux ci à la violence.
Il n'est sans doute pas la peine de chercher plus loin .



(*)à voir aussi :
http://images.google.fr/imgres?imgurl=http://www.asc-csa.gc.ca/images/sts-090_youth_young.gif&imgrefurl=http://www.asc-csa.gc.ca/fra/missions/sts-090/jeunes_jeux_images.asp&usg=__habdO3Jd2iCk-Pio381iLf6bnIQ=&h=374&w=400&sz=43&hl=fr&start=10&sig2=UZ8Yoikry0E209qM4gb7bw&itbs=1&tbnid=NTse6SY10HTckM:&tbnh=116&tbnw=124&prev=/images%3Fq%3Dla%2Bjeune%2Bet%2Bla%2Bvieille%26gbv%3D2%26hl%3Dfr&ei=kJkqS__PEZXQjAfqvJyNBw


http://www.pedagopsy.eu/images/vieille_jeune_femme.JPG
sources : notice éditée par l'Espace Malraux- Chambéry
http://www.fondation-bemberg.fr/oeuvres/3_2.jpg
www.insecula.com/contact/A000226.html

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