dimanche 9 mai 2010

enseigner : un choix d'actions (Chambery )

Un vendredi soir , fin janvier, réunion au lycée Vaugelas pour les élèves et leurs parents "embringués " dans une action reliée à la cordée de la réussite avec l'université de Savoie en tête de liste .


http://www.linternaute.com/savoir/magazine/photo/les-sportifs-d-antan/image/alpinistes-479072.jpg


J'utilise volontairement un vocabulaire à connotation électorale car j'ai été très rapidement convaincue que l'intérêt des élèves n'est pas la seule motivation et je doute même que cela soit dans les premières motivations du processus . ( La réunion en question a été programmée alors se déroulaient les journées de l'excellence et de la réussite .... volontairement )

Au niveau collèges l'extension de la machine à gaz est intitulée " l'ascenceur " .... je vous laisse apprécier et ce d'autant plus qu'un des intervenants à reconnu que " l'ascenseur social " qui a fonctionné pour nos générations est en panne depuis une trentaine d'années (vingt au minimum ).
Une de mes filles a été sélectionnée pour intégrer le système (éléve boursière et "méritante " , avec des résultats corrects ... ) et va depuis quelques semaines faire des dictées en guise de tutorat le vendredi soir .
L'essentiel de ce qui serait à travailler pour bien "tourner " au lycée et dans le supérieur n'est pas effleuré dans ce cadre pas plus que travaillé réellement en classe
- analyser un document en fonction de la question posée et des connaissances sensées être acquises
- faire une synthèse d'informations , exploiter des résultats ...
- retravailler un devoir en utilisant le corrigé , comprendre ses erreurs

Est ce réalisable correctement en classe avec l'effectif et l'horaire imparti ?
Je pense que oui , en gérant l'hétérogénéïté ( c'est à dire en n' ayant pas les mêmes attentes , en travaillant sur des exercices de difficulté graduée ) et en faisant des impasses sur les points du programmes qui ne constituent pas des pré-requis incontournables pour une progression verticale .
Comme pour tout ou presque dans l'éducation et l'instruction c'est une question de volonté de poursuivre des objectifs plus ambitieux que de se contenter du minimum .
C'est aussi une question de formation et comme le disait une directrice d'école primaire une affaire de vocation .
S'investir ou non , être là par ce que l'on veut travailler avec et pour les jeunes ou pour la feuille de paye , réfléchir sur nos pratiques ,et les faire évoluer , ou attendre la retraite dès le début de carrière ....
La réussite passe par là bien plus que par des programmes de façades ambitieuses où l'on fait miroiter aux parents et aux élèves que "la société a besoin que ces jeunes accèdent à des postes importants " que " regard neuf qu'ils pourraient apporter serait essentiel "
( regard neuf car non habitué à vivre parmi les élites ... sous entendu explicite )
Le discours ne m'a pas convaincu et m'a même franchement déplu par sa démagogie de même tendance que les modalités d'accès particulières à certaines grandes écoles ou cursus pour les élèves de ZEP .

Au niveau du lycée Vaugelas si je relis le texte publié par le site Eduscol il me semble qu'ils ne sont pas dans les clous
http://eduscol.education.fr/cid50320/journees-de-l-excellence-et-de-la-reussite.html
"Les lycées qui participent ne proposent pas de classes préparatoires aux grandes écoles et sont situés dans des quartiers prioritaires ou de petites villes. Ceux qui expérimentent un dispositif de réussite scolaire, principalement ceux qui font partie d'une cordée de la réussite, sont particulièrement visés."
"Les cordées de la réussite instituent un partenariat entre des établissements d'enseignement supérieur et des lycées situés dans des quartiers prioritaires. Elles peuvent mettre en place un tutorat, un accompagnement scolaire ou un internat. Elles visent à guider les élèves motivés qui en ont la capacité vers des parcours d'excellence. Des entreprises, des associations et des collectivités territoriales s'impliquent dans l'opération"

[...].occasion d'informer les élèves, de les motiver et de lutter contre les phénomènes d'autocensure qui les détournent des voies d'excellence."

et les actions entreprises au niveau relèvent plutôt du bricolage , pour ce que je peux en voir . Au niveau lycée ils attendaient les financements pour les heures de soutien devant être assurées par des enseignants en poste dans l'établissement ... et que le diagnostic des difficultés rencontrées par certains élèves soit effectué .

Il faut arriver en sourire quand c'est à pleurer

La question essentielle n'est pas traitée dans le dispositif poudre aux yeux qui nous a été présenté









Comment maintenir la foi dans la justice du mérite scolaire quand les méritants eux-mêmes finissent par perdre ? *

C'est peut être pour maintenir cette" foi dans la justice du système scolaire " que travaillent une partie des enseignants et du personnel d'encadrement éducatif au lycée Monge .
Le dispositif école ouverte fonctionne depuis plusieurs années et les élèves qui y participent trouvent apparemment un intérêt puisqu'il n'y a pas de désaffection

En 1ère Sti ne travail sur les programmes des différentes filières proposées et des heures de soutien ciblées ont permis d'accrocher au train des wagons -élèves pour qui initialement , en fin de seconde , la situation était critique .

Ce travail effectué par des collègues n'est pas quantifiable en heures mais si on considère le résultat en terme d'élèves tirés d'affaire le bilan est lourd... de réussite .

J'ai , il y a un trimestre de cela maintenant , trouvé dommage le dédain affiché par certain professeur de Vaugelas pour ce qui se fait dans un autre lycée de la ville , lycée qui recrute ses élèves à Jules Ferry qu'ils ont fait rentrer dans leur dispositif de "cordée ... "
Tirer dans les pattes de collègues je n'aime pas !
C'est un état d'esprit qui me déplaît aussi ne suis je pas si sûre que cela de voir d'un bon oeil mes filles se diriger vers ce lycée de centre ville (pour une raison de proximité)
L'enseignement privé sous contrat d'association permettra peut être une alternative qui me siérait mieux et ce d'autant plus que 2 des garçons y ont tiré leur flemme comme ailleurs .

Entre le début de l'écriture de ce billet et sa mise en ligne, les textes sur la réformes des Lycées ont été publiés avec des modifications par rapport aux idées initialement en circulation dans les couloirs .
Un part de la dotation horaire sera utilisée au bon vouloir des établissements ; certains en disposent pour faire des classes de 28 élèves en seconde .... et présenter cela comme un argument de (bon) choix lorsque le lycée présente ses "appâts " aux parents au moment de l'orientation .
L'accompagnement personnalisé représente 72 heures annuelles. Il concerne l'ensemble des élèves. Les équipes pédagogiques et les établissements bénéficient d'une souplesse importante dans son organisation.

Accompagnement personnalisé, tutorat et stages s'articulent entre eux pour permettre à l'élève de construire son parcours de formation. Trois circulaires vont préciser leur organisation.

http://eduscol.education.fr/cid50167/reforme-lycee.html

http://eduscol.education.fr/cid51199/reforme-lycee.html

Quelles vont être les options proposées aux élèves de l'agglomération chambérienne ?
C'est là je pense un critère de choix important dans la décision d'inscrire son enfant dans tel ou tel lycée suivant l'orientation qu'il envisage

Avec les nouveaux enseignements d'exploration, les lycéens découvrent des champs disciplinaires, les cursus possibles au cycle terminal comme dans le supérieur et les activités professionnelles auxquelles ces cursus conduisent. Ils en choisissent obligatoirement deux, dont un dans le domaine de l'économie, parmi plus d'une dizaine de disciplines :

  • sciences économiques et sociales ;
  • principes fondamentaux de l'économie et de la gestion ;
  • santé et social ;
  • biotechnologies ;
  • sciences et laboratoire ;
  • littérature et société ;
  • sciences de l'ingénieur ;
  • méthodes et pratiques scientifiques ;
  • création et innovation technologiques ;
  • création et activités artistiques ;
  • langues et cultures de l'Antiquité (programme paru en 2007) ;
  • langue vivante 3 ;
  • éducation physique et sportive ;
  • création et culture design.

L'enseignement d'exploration choisi n'est pas un pré-requis pour accéder à une série déterminée de première.

Les lycéens peuvent choisir de suivre un enseignement facultatif :

  • arts (arts plastiques, cinéma-audiovisuel, danse, histoire des arts, musique, théâtre) ;
  • éducation physique et sportive ;
  • langues et cultures de l'Antiquité (programme paru en 2007) ;
  • langue vivante 3.



à lire :* http://www.lemonde.fr/societe/article/2006/01/23/declassement-quand-l-ascenseur-social-descend_733638_3224.html

[....]Ce sentiment de déclassement prend racine à l'école qui s'est longtemps appuyée sur la certitude que les études "payaient", certitude forgée à l'âge de l'élitisme républicain quand, les diplômes scolaires étant relativement rares, les enfants du peuple qui les obtenaient étaient sûrs de monter dans l'échelle sociale.Elle s'est renforcée après les années 1950, tant que la multiplication du nombre des diplômés était parallèle à celle des emplois qualifiés. Durant près de vingt-cinq ans, l'ascenseur social a donc fonctionné sans faiblir pour ceux qui obtenaient des diplômes. [....]

Parmi les jeunes quittant l'école avec le baccalauréat à la fin des années 1960, soit environ 18 % d'une classe d'âge, 70 % devenaient cadres ou accédaient aux professions intermédiaires. Aujourd'hui, cette probabilité est tombée à 25 % alors que près de 70 % d'une classe d'âge est titulaire de ce même diplôme. Plus encore, une enquête récente de l'Agence pour l'emploi des cadres (APEC) indique que, parmi les jeunes titulaires d'un bac + 4 et occupant un emploi, un tiers deviennent employés. Environ 35 % des jeunes titulaires d'un baccalauréat et d'un niveau supérieur entrés sur le marché du travail en 1998 sont déclassés par rapport aux positions qu'ils auraient occupées en 1990.[...]

Enfin, si le déclassement touche toutes les catégories sociales, il le fait de manière très inégalitaire. D'une part, les petites différences entre les diplômes deviennent de grandes différences lors de l'entrée dans l'emploi. D'autre part, quand le lien entre le diplôme et l'emploi se distend, le capital social, les relations et l'entregent jouent un rôle grandissant dans l'accès aux contrats d'apprentissage, aux stages, aux entretiens d'embauches... Et au bas de l'échelle, il arrive que certains jeunes découvrent que les diplômes ne préservent pas du plafond de verre de la ségrégation et de la mauvaise réputation des quartiers difficiles.[...]

De manière moins spectaculaire, beaucoup d'élèves décrochent de l'école, choisissent de multiplier les petits boulots afin d'entrer, malgré tout, dans le monde du travail. Quel travail peut-on exiger d'un élève qui est dans une formation sans perspectives d'emploi ? Ces élèves et ces étudiants courent le risque de n'être socialisés ni à la culture scolaire ni à celle du monde du travail. L'affirmation un peu rituelle et vaguement hypocrite selon laquelle les études paient toujours ne doit pas masquer le fait que le doute s'installe quant à l'utilité de ces études.[...
]

Dans les classes moyennes, la peur de la chute se manifeste par des phénomènes de fermeture et d'évitement tout aussi marquants. Fermeture sur les avantages acquis et les statuts souvent identifiés à l'intérêt de la nation et de la cohésion sociale quand les agents des services publics et des secteurs économiques protégés par l'Etat se défendent de toutes les

mutations perçues comme des attaques contre leur position sociale. De manière moins politique, les catégories sociales qui en ont les moyens se regroupent et évitent celles qui pourraient les entraîner dans leur chute. Lesplus riches colonisent les centres-villes pendant que les classes moyennes fuient les banlieues difficiles, quitte à payer cette protection par de longues heures de transport.

L'observation des stratégies de choix des établissements scolaires est à cet égard sans ambiguïtés : chacun cherche à fuir la catégorie sociale inférieure dont la fréquentation pourrait, pense-t-on, provoquer le déclassement de ses propres enfants. Aussi assistons-nous à un paradoxe étonnant : alors que la culture de masse et les convictions démocratiques nous rapprochent, chacun cherche à se protéger de ceux qui pourraient le faire descendre. [....]

http://www.linternaute.com/savoir/magazine/photo/les-sportifs-d-antan/les-alpinistes.shtml

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