mardi 22 juillet 2008

d'autres mots pour dire les choses (2)

Avant d'aller rendre une partie des ouvrages empruntés je voulais en terminer avec cet "après la rupture" qui a occupé toute la place la dernière fois ; j'ai beaucoup ironisé sur la forme et sur la part du fond qui m'a laissée sceptique car à dire vrai je n'y ai rien trouvé que le ronron d'une mécanique bien huilée ne reprenant que des généralités : déni , mésestime, peur .... et autres qu'il faut surmonter .
Pour mettre des mots sur ce que je ressens ou ai pu ressentir les livres de Lucia Etxebarria que ce soit le dernier "yo no suffro por amor" ou le recueil de nouvelles sur la vie de couple "aime moi por favor " m'ont été de bien meilleurs supports . Ils sont bien écrits , permettent de visualiser et ressentir les lieux , les personnes , les ambiances , les émotions ...pour moi ils sonnent juste ( et surtout l'auteur n'est pas une bonneuse de leçon moralisatrice )




Quelques "polars " ont agrémenté ces dernières semaines .
Le premier tome de la trilogie Millenium "les hommes qui n'aimaient pas les femmes" de Stieg Larson - un suédois - est une énigme bien ficelée , facile à lire ; j'en dirai autant de"l'homme de la vitrine" du norvégien Kjell Ola Dahl . Le criminel n'est pas parachuté à la dernière minute , ce n'est pas non plus évident dès les premières pages avec une trame courrue d'avance comme chez certains auteurs anglo-saxons .... en bref agréable et pas "prise de tête" .

Une mention particulière pour "sous les vents de Neptune" de Fred Vargas où j'ai retrouvé le commissaire Adamsberg et Danglard , personnages auxquels je me suis attachée au fil des livres tout comme au commissaire Montalbano de Camillieri à cause de leur humanité . Violette Rétancourt a fait irruption dans le commissariat d'Adamsberg ; j'espère qu'elle y restera car c'est une sacrée personne .
Inutile de poursuivre .... vous avez compris , j'ai aimé .

Un petit livre bien mené , "toiles de maître" de Hannelore Cayre utilise un langage que les profs de français appellent familier, si ce n'est pire , mais il est tout a fait adapté au contexte ; une histoire dans l'Histoire où les plus mauvais ne sont pas ceux que l'on devrait croire .





Image dans son contexte original, sur la page www.bde.enseeiht.fr/bda/voyage/picasso.htm.


Pour finir ce "compte rendu de lecture" je ne peut pas omettre "présent" de Jeanne Benhameur:
- le lieu principal de l'action: un collège en période de conseils de classe du 3ème trimestre , ce qui pour les élèves de 3ème veut dire orientation .... avec tout ce que ce mot peut contenir e connotations négatives
-les personnages :* une classe avec tout le panel d'élèves , du "à féliciter" au perturbateur , en passant par celle qui est" à côté " , dans ses rêves, sa compréhension intuitive des Hommes et son talent exprimé par le dessin mais "pas dans le moule "


* les dames de la cantine , un homme d'entretien , un proviseur qui voudrait faire mieux , tellement mieux avec les moyens consentis et malgré les quotas venus "d'en haut" ,
* des profs avec un échantillonnage allant de l'aigri(e) à celui (celle) qui a des certitudes







- en particulier celles de leur supériorité- en passant par celui qui en a marre de jauger à travers des copies et qui tout d'un coup les envoie paître -ses copies- pour ne plus regarder des élèves comme des moutons que l'on mène à l'abattoir et qui voulant faire passer sa passion de la langue en leur lisant Kafka se trouve à passionner ses élèves , surtout l'un d'eux chez qui les mots écrits et lus font écho .




Echo des mots par rapport à son ressenti , qu'il traduisait en violence physique et en solitude, parce qu'il ne s'était pas approprié le pouvoir de ceux ci pour s'exprimer .. mots qui l'ont conduit au CDI , à la bibliothèque .
Au milieu de tout ceux là une documentaliste pleine de projets et une jeune prof de SVT qui a baissé les bras parce que ce métier qu'elle avait voulu exercer elle ne pouvait pas le faire comme il faut , comme elle avait rêvé de le faire ; entre obligation de "tenir ses classes" et celle de s'en "tenir aux programmes" elle a laissé la Vie de sa matière ." Pourtant elle a ré de faire cours , de transmettre son amour de la terre , de la nature .
Il y en a combien qui n'ont jamais vu la mer ici ?"



Sans que je m'y attende en lisant "dans le silence des mères" du psychologue scolaire André Agard Maréchal j'ai retouvé le même constat sur l'Education Nationale que celui qui était inscrit en filigranne dans le roman précédent : ...." à l'école de "produire " un élève c'est à dire un enfant conforme , modelé , formaté " ; dur mais reflet malheureux des résultats de nombreux conseils de classe qui ne font que résumer la réalité de ce qui se passe trop souvent dans les classes .
Son travail à lui c'est d'aider les enfans à passer dans le cadre au format imposé , d'aider les mères à permettre à leurs enfants d'en passer par là , parce que le système est peu flexible et que c'est à l'enfant de s'adapter ....


Une autre approche de la vie de l'école que celle du livre de Jeanne Benhameur .
Pour le contenu principal du livre de A Agard Maréchal rien de nouveau : les mères projettent sur leurs enfants les blessures de leurs vies , celles qui sont connues et celles qui font partie" des squelettes dans les placards" , leurs regrets , leurs ambitions déçues ....qui involontairement rejaillissent sur les enfants . Enfants qui par leur comportement hors norme appellent à l'aide car ce poids leur est trop lourd et ce d'autant plus que le tiers , la figure paternelle, est absent (même s'il est physiquement là ) dans les exemples présentés





La conclusion est la même si l'on se place du côté de l'enfant , du jeune adolescent (dans le cas du roman ) : il se construit en fonction de ce que l'on est en tant qu'adulte , de ce qu'on lui transmet consciemment ou non : image d'un avenir possible ou repoussoir , sécurité affective permettant d'aller de l'avant ou insécurité -par "abandon" ou surprotection- qui freine, voir empêche de se construire harmonieusement , mise en place de stratégies de fuites en avant par l'"excellence" ou par le refus du système .... n'importe quoi pour un échappatoire face à une pression qui lui est faîte .

Ainsi de la femme immigrée dans sa barre HLM de la banlieue triste où se trouve le collège de Jeanne Benhameur : son fils quitte la maison bien avant l'heure "il n'en peut plus de leur ghetto comme il dit . Il veut partir dans un lycée , loin , un lycée très bien où il n'y a que quelques places réservées aux élèves comme lui , méritants , pour qu'ils aillent loin, dans la vie .
Elle , elle n'est jamais allée loin "
Ainsi du délégué de classe, un bon élève, parce que "Il a eu envie de voir son père ailleurs " , qui se liberera de tout ces sentiments et ressentiments lors des émeutes de l'été en participant activement à la destruction de la boucherie -charcuterie parentale "il voulait être fier de son père .[...] Il n'arrive pas à les aimer . Il voudrait les aimer " et le père en vis a vis , délégué de parents " Et il a besoin que tous ces ensignants l'écoutent,lui. Lui qui n'est jamais allé plus loin que le CAP de boucher-pareur .Lui qui n'a jamais été un brillant élève . S'asseoir à la même table qu'eux [....] c'est une belle revanche "

Encore un petit extrait pour la route , pour le plaisir .... à propos d'une jeune fille dîte "en echec scolaire" , celle qui"n'est pas dans le moule "mais à qui on - les adultes , les "profs" - se doit de donner le moyen d'exprimer toute son intelligence , ne pas la réduire à des notes et sous prétextes qu'elle est hors norme évaluée


" Il ne viendrait à l'esprit de personne de se dire que l'on va à l'école pour apprendre à danser , à chanter, à peindre .
Pourtant.
Que fait Zorba quand son enfant meurt? Que fait il pour continuer à vivre ? Il tape son talon dans la terre , il lève les bras au ciel et il danse . Tout le désespoir du monde entraîne son corps , le soulève , le fait retomber ans la poussière , et recommencer . Il danse la mort de son enfant .
Sans l'art un être humain peut crever de douleur.
[....]Pourquoi chaque être humain n'a t'il pas droit à l'art pour apprendre à donner forme à ses émotions ? au lieu d'en avoir peur , apprivoiser ce qui transporte , meurtit ou ravit ?
On va à l'école poue apprendreapprendreapprendre .
Apprendre quoi ?
Pourquoi ne va - t-on pas à l'école pour apprendre à grandir
Est ce que l'élève n'est pas celui qui doit s'élever?

Les portraits de la jeune fille sont là . Sa seule façon d'exister dans ce monde "





Image non réduite

college.belrem.free.fr/.../venus02.jpg
354 x 259 - 32 ko
Il est possible que l’image soit réduite et protégée par les droits d’auteur.
Supprimer ce cadre

Résultats d’image »
Image dans son contexte original, sur la page college.belrem.free.fr/.../nombre%20d'or.htm.

Aucun commentaire: