mardi 30 mars 2010

monde des livres et livres du monde (1)

Le billet précédent fait écho à quelques lectures plus ou moins récentes .
Les hirondelles de Kaboul de Yasmina Khadra traite de l'Afghanistan sous les talibans sans édulcorer le quotidien .

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" (...) le muezzin va bientôt appeler les fidèles à la prière du maghreb . il (....) se dirige , d'un pas blasé , sur la mosquée du faubourg, une vaste salle ingénument badigeonnée, au plafond squelettique et au minaret mutilé par un bombardement
Une meute de talibans gravite autour du sanctuaire pour intercepter les badauds de passage et les obliger manu militari à rejoindre les fidèles "
La vie des afghans est faite d'exécutions publiques , d'obligations à assister aux prières , de dénuement et de faim .
C'est le récit de celle des principaux personnages du roman qui permet de prendre la mesure de la désolation de cette existence sous chape d'un intégrisme , de ce à quoi l'endoctrinement et les mouvements d'une foule qui a perdu l'habitude de penser peut produire
" Une prostituée a été lapidée sur la place .j'ignore comment je me suis joint à la foule e dégénérés qui réclamait du sang . J'étais comme absorbé par un tourbillon .(....) et lorsque le déluge de pierres a commencé à submerger le succube, je me suis surpris à mitrailler moi aussi .J'étais devenu fou , Zunaira. Comment ai-je osé? Toute ma vie , je m'étais cru objecteur de conscience . Ni les menaces des uns ni les promesses des autres ne m'ont convaincu de prendre des armes et de donner la mort . J'acceptais d'avoir des ennemis , mais je ne tolérais pas d'être l'ennemi de qui que ce soit . Et ce matin , Zunaira, simplement parce que la foule hurlait , j'ai hurlé avec elle , simplement parce qu'elle a réclamé du sang , je l'ai exigé aussi .Depuis , je n'arrête pas de regarder mes mains que je ne reconnais plus "

Les afghanes sont anonymes sous les tchadri , c'est ce qui va permettre la chute de l'histoire

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. Yasmina Khadra nous fait , avant d'en utiliser les possibilités pour mener le roman à son terme , partager ce qu'une d'elles peux ressentir
" Comment a t'elle pu accepter d'enfiler ce monstrueux accoutrement qui la néantise , cette tente ambulante qui constitue sa destitution et sa geôle (...) ?
Elle savait que sa témérité allait l'exposer à ce qu'elle déteste le plus , à ce qu'elle refuse jusque dans son sommeil : la déchéance . C'est une blessure incurable , une infirmité qu'on apprivoise pas , un traumatisme que n'apaisent ni les rééducations ni les thérapies sans sombrer dans le dégoût de soi même "

Toujours à propos de l'Afghanistan , le livre de Patrice Franceschi, un capitaine sans importance c'est l'invasion russe qui constitue la trame du récit avec l'endoctrinement des soldats pour qu'ils se convainquent de faire une guerre de libération d'un peuple
mais certains savent voir et réfléchir
" Nous sommes là pour asservir les Afghans et je n'aime pas ça . Et peu importe ce qu'ils sont .Au moins ici nous avons appris une chose , c'est qu'ils se battent seuls , n'est ce as ? et les mains presque nues (....) Ceux que nous tuons sont des paysans , des ouvriers , des artisans , pas des Chinois ou des Américains . Tout le peuple afghan est contre nous . Ces duchmans sont des ...patriotes , oui , c'est cela , des patriotes . Nous les disons fanatiques ou obscurantistes . Comme c'est commode de les mettre tous dans le même sac! A leur place toi , moi, nous tous , nous nous battrions comme eux pour préserver ce que nous sommes , nous le ferions jusqu'au dernier . J'en ai assez de la propagande , de cette mystification généralisée . Et ne me parle surtout pas des communistes afghans , rien qu'une poignée de voyous et de collabos qui font pire que nous "


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S'y trouve aussi le commentaire suivant , de la bouche d'un Afghan fait prisonnier :
" des fanatiques religieux ? oui, il y en avait quelques uns chez nous avant votre invasion . Comme partout . Mais c'est vous qui leur avez donné une chance d'exister . et la guerre , Shurawi , parce qu'elle porte tout à l'extême, favorisera ces hommes dans l'avebnir. Ce sera peut être un autre malheur que vous laisserez à notre pays "

Voilà qui donne à réfléchir .

Dans la préface , les commentaires suivants (écrits en 2008 , environ 2o ans après la rédaction du roman ) sont écrits à propos de l'Afghanistan
"l'Occident s'y comportait à rebours de la manière dont il aurait fallu agir pour gagner la paix "

" Si le temps était passé , il semblait ne rien nous avoir appris "

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